Une toute nouvelle espèce fait sa première sortie publique
Arrivés simultanément en avril dernier de deux institutions zoologiques différentes, les lémurs varis Ziggy et Ripley ont officiellement terminé leur période de quarantaine il y a une dizaine de jours et ont pu intégrer leurs nouveaux quartiers. Ils feront le plein de nouveautés au cours des prochains jours puisque non seulement ils font graduellement connaissance avec les actuels locataires de l’île, soit les lémurs catta, mais découvrent également leur habitat extérieur! C’est tout simplement magique de les voir explorer chaque recoin d’herbe, de faire de ce lieu leur nouveau chez-soi!
La venue au Zoo de cette magnifique espèce de lémurien, en danger critique d’extinction, s’inscrit directement dans la volonté de Zoo d’augmenter son impact auprès des espèces en péril. Si les conditions favorables sont réunies, Ziggy et Ripley devraient jouer un rôle de premier plan!


Un tour de force réussi pour réunir le couple au Zoo!
C’est plusieurs mois de préparation qui avaient été nécessaires pour organiser le transfert de ces deux primates au Zoo. La femelle Ripley nous provenait du Duke Lemur Center en Caroline du Nord, alors que Ziggy arrivait du San Antonio Zoo au Texas.
Le véritable tour de force qui a été accompli par tous les acteurs impliqués, y compris par notre partenaire, le transporteur Air Canada Cargo, a été d’obtenir le feu vert (lire ici : autorisations, permis, résultats d’examens vétérinaires, etc.) pour le transport des animaux, et de les faire atterrir à moins d’une heure d’intervalle la même journée!
Ils ont ainsi pu amorcer leur période de quarantaine ensemble. Soit, il s’agissait d’une mécanique complexe, mais extrêmement bénéfique d’un point de vue bien-être animal, puisque les deux protagonistes pouvaient vivre cette période d’isolement à deux, quarantaine qui était fixée à 90 jours (requête fédérale).

Une introduction progressive et rigoureuse
Maintenant que les deux lémuriens ont leur statut de « résident permanent », les techniciens en soins animaliers ont pu leur faire intégrer leurs nouveaux quartiers et débuter les introductions avec les deux lémurs catta déjà hébergés au Zoo. Si tout ce beau monde a le potentiel de très bien s’entendre, les introductions entre les deux groupes se font progressivement, par contacts protégés (à travers un grillage) et au rythme de chacun.
Entretemps, Ziggy et Ripley découvrent également leur habitat extérieur, en alternance avec les lémurs catta.
Ce sont là des étapes pivots qui permettent aux nouveaux venus d’établir leurs repères et d’apprivoiser en douceur les actuels locataires des lieux. La méfiance est l’un des principaux atouts d’une grande majorité d’espèces en nature puisqu’elle assure leur survie! La curiosité est la qualité qui les pousse à explorer, à rechercher de nouvelles ressources, à pousser les limites d’un territoire. C’est avec un heureux mélange des deux que nos lémuriens s’approprient leur nouvel environnement.
Qui sont les lémurs varis?
La centaine d’espèces de lémurs que l’on retrouve dans le monde, sans exception, sont endémiques à l’île de Madagascar, au large des côtes de l’Afrique.
Ce qui saute d’abord aux yeux, si on compare les varis aux lémurs catta que la plupart ont observés au Zoo, c’est leur taille : les lémurs varis sont parmi les plus gros lémuriens, avec un corps jusqu’à 60 cm de long (idem pour la queue) et un poids jusqu’à 4 kg.
Pour sa part, le lémur catta dépasse rarement le mètre de long… incluant la queue! Son poids moyen se situe sous les 3 kg.
Outre la taille et le poids, les deux espèces se distinguent aisément par la couleur de leur pelage : le vari noir et blanc a le pelage… on vous le donne dans le mille, noir et blanc, et son poil est dense et épais. Le lémur catta possède un pelage distinct, plus court et généralement gris, parfois teinté de roux, avec un ventre blanc. Sa longue queue est marquée de manière bien caractéristique d’une succession d’anneaux noirs et blancs. Même en vous y connaissant peu en lémurs, vous ne pourrez pas les confondre une fois ensemble!
Un milieu naturel grandement affecté par les activités humaines
Le terme « en danger critique d’extinction » fait froid dans le dos : on parle ici d’un risque extrêmement élevé de disparition à l’état sauvage. C’est le statut le plus alarmant qu’un espèce puisse recevoir. Confinées à l’île de Madagascar, les populations de lémurs varis font face à de nombreuses menaces, principalement la destruction massive de leur habitat : on estime que plus de 80% des espaces naturels de l’île ont été perdus, au profit de l’agriculture, des activités de foresterie et des activités minières.
De se voir ainsi confier deux individus aussi précieux est une grande responsabilité qui anime et motive l’ensemble de nos professionnels en soins animaliers. Réunis suite aux recommandations du Plan de survie des espèces (SSP), Ziggy et Ripley pourront participer aux efforts visant à faire reculer le risque d’extinction de l’espèce. Ne reste plus qu’à se croiser les doigts et souhaiter que la magie opère entre les deux.