Superstitions et mythes : quand nos peurs mettent la faune en danger

Superstitions et mythes : quand nos peurs mettent la faune en danger
Tuesday, October 7, 2025

À l’approche de l’Halloween, il est amusant de se rappeler que certaines croyances populaires ne concernent pas seulement les fantômes ou les sorcières, mais aussi… les animaux! Si marcher sous une échelle ou briser un miroir relève surtout d’une question de sécurité personnelle, les superstitions liées aux animaux peuvent, elles, avoir des répercussions sur des écosystèmes entiers. Dans certaines régions du monde, des animaux sont persécutés non pas parce qu’ils sont dangereux, mais simplement à cause des mythes et des légendes qui leur collent à la peau!

Quand la peur et les croyances menacent la biodiversité

Prenons l’exemple de l’île de Madagascar. Les Malgaches du nord-ouest de l’île sont convaincus que le fandrefiala (Ithycyphus miniatus), un serpent à la queue rouge, peut se transformer en lance et tuer ceux qui passent par-dessus. 

Malgré le fait que l’espèce soit inoffensive, la peur ancestrale liée à ce serpent conduit à son extermination sans autre forme de procès. Il faut dire que les reptiles et les amphibiens sont souvent victimes de préjugés persistants. 

Au Portugal, par exemple, des geckos ou des serpents sont tués parce qu’ils sont perçus comme maléfiques, alors qu’ils contribuent à l’équilibre écologique en régulant, par exemple, les populations d’insectes. La peur est souvent irrationnelle, mais profondément ancrée dans la culture et le folklore. 

Même l’apparence ou le comportement de l’animal (un museau étrange, des couleurs vives ou une activité nocturne) peut nourrir des superstitions et mener à sa persécution. L’être humain est plus enclin à prêter des intentions maléfiques aux espèces qui lui ressemblent le moins et qu’il connait peu.

Entre peur et protection animale

Les mythes influencent également nos attitudes envers les mammifères plus « charismatiques » ou célèbres. Avec l’abondance de films, de livres et de jeux qui romanisent aujourd’hui les loups-garous, on oublie facilement qu’ils inspiraient jadis une réelle terreur dans les campagnes. 

Au XVIe siècle, on croyait que certaines personnes pouvaient se métamorphoser en loups après avoir passé un pacte avec le diable. Ces perceptions culturelles ont façonné la manière dont les communautés ont perçu et interagi avec les populations de loups. En Europe, ces canidés ont été chassés presque jusqu’à l’extinction, non seulement pour protéger le bétail, mais aussi parce que des générations d’histoires de lycanthropes et de bêtes sanguinaires ont installé une peur viscérale dans la population.

L’inverse est aussi vrai et certaines croyances protègent les animaux. En Éthiopie, par exemple, les hyènes sont perçues comme des mangeuses d’esprits maléfiques et sont donc tolérées par les populations locales. Ces exemples, positifs ou négatifs, montrent à quel point la magie et les superstitions façonnent nos relations avec la faune, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire.

Pas si différent... même au Québec!

Et pas besoin d’aller bien loin sur le globe pour trouver des mythes animaliers qui ont la couenne dure. 

Au Québec, les légendes locales autour de certains animaux montrent à quel point le folklore peut façonner nos réactions. Les chauves-souris, par exemple, sont souvent associées à la malchance ou à la sorcellerie. On dit qu’elles pourraient s’emmêler dans vos cheveux si vous en croisez une la nuit et boire votre sang, ce qui effraie inutilement les gens et peut mener à la destruction de colonies entières. 

Pourtant, ces petits mammifères sont essentiels : ils régulent les populations d’insectes et contribuent à la santé des écosystèmes.

Heureusement, il existe des solutions pour renverser ces perceptions négatives. L’éducation et la sensibilisation sont essentielles. 

Au Brésil, par exemple, des chercheurs ont créé un livre pour enfants sur le grand fourmilier, expliquant son rôle écologique et ses comportements, sans jouer la carte des superstitions locales qui menacent sa survie. Cette approche a permis d’améliorer la perception de l’animal auprès des jeunes générations. 

Comprendre la biologie, le comportement et l’importance des espèces aide à remplacer la peur par le respect et une meilleure compréhension de l’espèce.

Conservation et respect culturel

Si la science doit guider nos réactions face aux espèces vivantes, il est toutefois crucial de considérer ces croyances avec respect. Les superstitions font partie de systèmes culturels cohérents, parfois depuis des milliers d’années, et ne peuvent être simplement « écartées » du revers de la main. Les acteurs en conservation se doivent de naviguer entre connaissances scientifiques et sensibilités culturelles pour protéger la biodiversité tout en respectant les traditions. C’est dans l’intérêt de tous, y compris celui des espèces animales, de gagner l’adhésion collective dans les initiatives de protection de notre biodiversité. Dans un monde où les mythes et les peurs persistent, un dialogue respectueux et une approche adaptée sont nos meilleurs outils pour s’assurer que le mystère entourant les légendes du monde ne se transforme pas en prophétie de malheur pour les espèces animales.

Autres nouvelles