Dix ans d’engagement, une septième mission en terre camerounaise
Le Zoo de Granby poursuit son travail de conservation en Afrique centrale.
Du 6 au 23 novembre dernier, deux biologistes du Zoo de Granby, soit Mélissa Loiseau, chargée de projet en conservation, et Louis Lazure, coordonnateur scientifique, ont pris la route du Cameroun pour la 7e mission officielle du Zoo dans ce pays… et célébrer au passage 10 ans d’actions de conservation en Afrique centrale!
Une décennie d’efforts soutenus qui ont permis d’investir près de 425 000 dollars dans des infrastructures de recherche, la lutte au braconnage, des projets de coexistence humains-faune, l’accompagnement des communautés locales et le suivi écologique d’espèces emblématiques.

Deux biologistes, deux volets, une même motivation : protéger la vie sauvage au Cameroun.
Pour cette mission, Mélissa en était à son deuxième séjour; Louis, pour sa part, foulait le sol camerounais pour la toute première fois. Leur travail se divisait en deux axes principaux:
- Sur la côte atlantique, appuyer un projet de recherche sur la nidification des tortues marines;
- Dans la grande forêt du Parc National de Campo Ma’an, faire le suivi des projets de conservation des éléphants de forêt, des gorilles des plaines occidentales, des mandrills et d’une foule d’autres espèces qui partagent ce milieu exceptionnel.

Premiers jours : chaleur tropicale, poissons grillés et connexion capricieuse
Après une arrivée mouvementée à Yaoundé, où l’accès au réseau se mérite, l’équipe prend la route vers le sud. Un long trajet jusqu’à Kribi, suivi d’un repas réconfortant de poissons grillés, crevettes, plantains et manioc face à la mer : de quoi remettre l’équipe d'aplomb avant d’attaquer le terrain!
Dès le lendemain, la mission se divise : à Ebodje, un petit village côtier, Mélissa accompagne Cameron, un étudiant de l’Université Concordia, dans les tout débuts de sa maîtrise sur les tortues marines.
À Campo, Louis entame une série de rencontres avec les partenaires locaux et revisite les installations financées par le Zoo : centre de recherche et laboratoire de santé de la faune. Les conditions sont parfois austères, mais la collaboration est solide!

Sur la plage d’Ebodje : pister les géantes de l'océan
À Ebodje, les pontes ont déjà commencé, et la saison s’annonce active! Mélissa et Cameron effectuent leurs premières patrouilles nocturnes avec les équipes de l’organisme communautaire Tube Awu, qui protège les nids sur une portion du tout nouveau Parc national marin Manyange na Elombo-Campo.
Leurs objectifs : suivre les traces laissées par les tortues, identifier les nids, prélever les données et, au besoin, relocaliser les œufs dans une écloserie sécurisée afin de les protéger des vagues, des prédateurs… et des braconniers.
Chance inouïe lors de la première sortie : après 7 km de marche nocturne sur une plage battue par la marée, l’équipe tombe sur une tortue olivâtre en pleine ponte! Un moment rare, presque intime, qui donne tout son sens au travail de terrain.
Le lendemain, le décor change : la pluie diluvienne et des vagues trop fortes bloquent la progression. L’équipe campe trois heures sur la plage, espérant traverser une rivière gonflée par la marée. En vain : il faudra rebrousser chemin, trempés… mais enthousiastes!
Au cœur de la forêt : entre éléphants, gorilles… et abeilles

Pendant ce temps, Louis arpente la région de Campo Ma’an. Il rencontre les partenaires locaux et constate les retombées concrètes du travail mené depuis des années. Moment marquant pour lui : la visite chez un agriculteur ayant reçu des ruches fournies par le Zoo. Ces ruches ont un double effet, soit tenir les éléphants de forêt à distance des cultures et fournir au village une source durable de miel, donc de revenus. Les résultats? Les éléphants évitent désormais le terrain, l’agriculteur a diversifié ses plantations et vend son miel localement. Il est même devenu un leader du projet dans la région.

Sur les traces du plus grand primate du monde
Louis a également eu le privilège de se rendre dans la zone où un groupe de gorilles des plaines occidentales est suivi quotidiennement par une équipe de pisteurs dans le cadre d’un programme d’habituation. L’objectif à long terme : développer un tourisme éthique, strictement encadré, qui génère des revenus pour la conservation du parc.
A-t-il vu les gorilles? Pas cette fois! Il a toutefois observé des traces fraîches… et surtout senti leur présence (une odeur que les techniciens du secteur Afrika au Zoo reconnaitraient entre mille!). Pour se consoler, il a visité une colonie de chauves-souris installée dans un bâtiment abandonné. Puis il a repris la route vers Ebodje pour retrouver Mélissa et Cameron.
Une mission exigeante… mais essentielle
Entre les routes difficiles, les marées imprévisibles, la chaleur humide et les imprévus typiques du terrain africain, cette mission n’a pas manqué d’action. Mais elle confirme, une fois de plus, l’importance d’être présent, d’écouter les partenaires locaux, d’adapter nos interventions et de bâtir des projets réellement utiles.
Dix ans après ses débuts en Afrique centrale, le Zoo de Granby poursuit fièrement sa mission : protéger la biodiversité exceptionnelle du Cameroun tout en soutenant les communautés qui vivent à son contact. Et cette 7e mission n’est qu’une étape de plus vers un avenir où humains et faune pourront mieux coexister.









