Des éclosions à profusion en 2025 chez nos tortues menacées au LabNature

Des éclosions à profusion en 2025 chez nos tortues menacées au LabNature
Wednesday, September 3, 2025

Près d'une trentaine de nids, soit un peu plus de 500 œufs de tortues géographiques, de tortues de bois et de tortues molles à épines, ont incubé tranquillement au LabNature du Zoo durant l'été 2025.

Les naissances, qui se déroulent de la fin juillet à la fin du mois d’août, ont tenu nos biologistes occupés: les petites tortues sont retournées dans le milieu naturel dans les 24 heures suivant l'éclosion!

Les tortues font face à de nombreux défis, tant naturels que d’origine humaine, qui réduisent considérablement leurs chances de survie. En fait, la majorité des espèces de tortues d’eau douce du Québec sont classées comme étant vulnérables, préoccupantes, ou carrément menacées d’extinction. Le programme « coup de pouce » (Head Start) du Zoo de Granby permet à des centaines de petits reptiles à carapace d’obtenir une chance supplémentaire de survivre et de se reproduire à leur tour.

Protégées des périls sur Terre, dans l’eau et dans les airs!

En plus de récolter les œufs, plusieurs nids sont protégés sur place, en nature, minimisant l’impact de certaines menaces. Des grillages peuvent être installés au-dessus d’un site de ponte, limitant l’accès aux prédateurs. Mais cette méthode seule ne suffit pas à augmenter le succès d’éclosion chez les espèces visées.

L’une des menaces les plus importantes est la prédation des nids, principalement par les ratons laveurs, les mouffettes et autres prédateurs qui consomment les œufs. Les populations de ces opportunistes alimentaires sont en hausse dans plusieurs régions du Québec, notamment en raison de l’accessibilité à de la nourriture facile (ordures ménagères). Sans intervention, plusieurs des œufs de tortues n’auraient jamais la chance d’éclore.

Les conditions météorologiques sont un autre facteur déterminant qui affecte le succès d’éclosion en nature. Les étés plus frais et pluvieux peuvent retarder l’éclosion, empêchant parfois les œufs de se développer entièrement avant l’arrivée de l’automne. De fortes pluies à répétition peuvent inonder les plages et noyer les œufs qui y sont enterrés. En incubant les œufs en milieu contrôlé, on maximise leurs chances d’éclosion, peu importe la météo ou les variations climatiques.

Les tortues ont aussi tendance à pondre leurs œufs dans des endroits risqués, comme les accotements de gravier le long des routes ou dans les stationnements, où les jeunes et les adultes sont fortement exposés au risque d’être écrasés par des véhicules. En recueillant les œufs et en relâchant directement les jeunes tortues dans un cours d’eau, on réduit considérablement les menaces liées aux activités humaines, leur offrant un départ dans la vie beaucoup plus sécuritaire.

Qui sont les petites pensionnaires du LabNature?

Tortue molle à épines de l’Est (Apalone spinifera spinifera)

Désignée comme une espèce menacée au Québec en 2000, elle se caractérise par une carapace molle, sans écaille, recouverte d’une peau lisse d’apparence coriace et de couleur olive ou brun pâle. Elle se distingue également par son long museau tubulaire. Carnivore, c’est une nageuse rapide et agile! Elle se nourrit principalement d’écrevisses, d’insectes, de petits poissons et de têtards. Fait surprenant, cette tortue hiberne plusieurs mois sous l’eau, profitant de sa capacité à absorber l’oxygène par la peau (respiration cutanée). Au Québec, on ne l’observe qu’à un seul endroit, soit dans la baie Missisquoi du lac Champlain.

Tortue des bois (Glyptemys insculpta)

Espèce désignée vulnérable selon la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec, elle est considérée comme la plus terrestre de nos tortues. Si sa carapace est plutôt brunâtre tirant sur le gris, son plastron est jaune alors que son cou et ses pattes sont orangés. Omnivore, elle s’alimente notamment de plantes, de fruits, de carcasses et d’insectes. La tortue des bois pond généralement sur les berges de sable ou de gravier sableux, sur les bords de routes et de chemins de fer, ainsi que dans les gravières. Au Québec, on la retrouve dans différentes régions situées au sud du 49e parallèle.

Tortue géographique (Graptemys geographica)

Cette tortue au nom singulier est classée vulnérable au Québec et préoccupante au Canada (COSEPAC). Elle doit son appellation aux motifs sur sa carapace qui rappellent les courbes de niveau que l’on retrouve sur une carte topographique. Sa peau est brun-vert et rayée de fines lignes jaunes. Elle est essentiellement carnivore, se nourrissant de moules, de crustacés, de poissons et d’insectes. Occasionnellement, elle peut également consommer des plantes aquatiques. Passant l’essentiel de sa vie dans l’eau, elle s’aventure sur la terre ferme pour y pondre ses œufs. Au Canada, cette tortue n’est présente que dans le sud-est de l’Ontario et le sud du Québec.

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