Dans l’assiette des petits et gros animaux!

Dans l’assiette des petits et gros animaux!
Tuesday, October 14, 2025

Nourrir les pensionnaires du Zoo de Granby n’a rien d’une tâche ordinaire. 

Derrière chaque repas se cache un savant équilibre entre science, logistique et observation. Comment répondre à la fois aux besoins énergétiques d’un éléphant, à l’appétit capricieux d’un petit panda ou au régime hyperprotéiné d’un tigre, tout en évitant les pièges de l’embonpoint ou des carences? 

Avec plus de deux cents espèces aux habitudes et aux métabolismes variés, l’équipe de nutrition doit jongler avec une multitude de facteurs, dont les besoins physiologiques, les comportements naturels, la santé individuelle, la sécurité alimentaire et même l’enrichissement, question de s’assurer que chaque animal a droit à une alimentation à la fois équilibrée, stimulante et adaptée à sa nature. 

En cette journée mondiale de l’alimentation, on vous invite à mettre le nez dans l’assiette de nos pensionnaires!

Qualité et rigueur au menu

Nourrir les animaux dans un zoo accrédité par l’Association of zoos and Aquariums (AZA) implique de leur offrir des régimes nutritionnellement équilibrés qui favorisent l’expression de comportements naturels, selon des directives rigoureuses établies par le Nutrition Advisory Group (NAG) de l’AZA. 

Ce groupe d’experts guide les zoos dans la conception de régimes alimentaires adaptés à chaque espèce. Leur rôle est de s’assurer que les animaux reçoivent une alimentation équilibrée, saine et stimulante. 

Le NAG fournit des recommandations sur le choix des aliments et la préparation des repas, tout en veillant à la sécurité et à la qualité des produits. 

Grâce à ce travail, les zoos peuvent offrir à leurs pensionnaires des repas qui favorisent leur santé, leur bien-être et leur vitalité, tout en partageant les meilleures pratiques entre institutions.

Satisfaire les besoins spécifiques de chacun

Avec plus de 1800 animaux provenant des quatre coins de la planète, une grande variété alimentaire est nécessaire pour combler les besoins de chaque espèce. Des alternatives et des équivalences nutritionnelles doivent également être trouvées parmi les aliments disponibles sur nos marchés nord-américains.

Herbivores, carnivores, frugivores, piscivores et omnivores, ainsi que généralistes ou spécialistes alimentaires doivent trouver leur compte.

Afin de relever le défi, une grande variété de moulées, de fruits et de légumes, de poissons, de fruits de mer, de noix, de céréales et bien plus encore se retrouvent sur la liste d’épicerie.

Une quantité astronomique de foins (mil, luzerne, trèfle…) est consommée quotidiennement par des herbivores hors normes, comme les éléphants, les rhinocéros, les girafes, et les hippopotames, nécessitant un approvisionnement important et constant.

À la cuisine animalière, on commande annuellement près de 95 caisses de pommes, 364 caisses de laitues, une tonne de carottes et 14 tonnes de viande, pour ne donner que ces exemples.

La facture annuelle en fruits et en légumes avoisine à elle seule le prix d’une petite voiture!

Des recettes équilibrées adaptées aux besoins

Nutritionniste animalière et préposés à la cuisine travaillent avec un « livre de recettes », des fiches alimentaires électroniques qui décrivent précisément le menu quotidien de chaque espèce en précisant le type d’aliment et la quantité à peser au gramme près : les quantités offertes respectent notamment le niveau d’activité de l’animal, sa condition générale et son besoin énergétique saisonnier, entre autres choses.

Des particularités individuelles se retrouvent également dans cette bible alimentaire. 

Pour des raisons de santé, de goûts particuliers ou d’allergies, les individus d’une même espèce peuvent voir le contenu de leur repas être modifié par rapport au reste du groupe, de façon temporaire, saisonnière ou permanente. 

Les caprices alimentaires ne sont pas non plus exclusifs aux enfants! Plutôt que de s’acharner, on cherchera à contourner ou à déjouer les papilles de l’animal, en incluant l’aliment dans un smoothie ou dans une « barre tendre » maison, par exemple.

L’ensemble des fruits et des légumes disponibles au marché sont divisés en cinq catégories, des regroupements faits pour permettre de jouer avec les disponibilités saisonnières et d’offrir de la variabilité alimentaire, tout en répondant aux besoins nutritionnels de l’animal : ce n’est plus la saison des fraises? On peut les remplacer par un autre fruit équivalent, puisé dans la même catégorie. 

Tel animal délaisse ses brocolis? On propose une alternative qui plaira au palais et qui offrira les mêmes nutriments que le crucifère. On joue également sur les textures et la présentation pour exciter l’appétit de nos pensionnaires. Certains préfèrent leurs aliments en dés, entiers, en brochettes ou en purée. 

Ces particularités sont autant de précisions que l’on retrouve dans le précieux outil de travail de l’équipe cuisine.

Repas et enrichissement alimentaire : travailler (un peu!) pour sa pitance

Contrairement à leurs équivalents en nature, les animaux sous nos soins l’ont beaucoup plus facile à l’heure des repas. 

Une équipe entière se dévoue à préparer et à servir des aliments frais en quantité suffisante, exigeant de leur part un minimum d’efforts. Sachant que la recherche alimentaire est l’une des activités à laquelle les animaux consacrent le plus de temps dans le milieu naturel, il est de notre responsabilité de s’assurer que les repas sont aussi l’occasion, pour nos pensionnaires, d’exhiber des comportements alimentaires propres à l’espèce et que ces périodes soient stimulantes pour eux.

Enrichissement pour Jack le tigre!

Selon l’espèce, la diète quotidienne est généralement divisée en plusieurs repas qui sont distribués de manière à encourager des comportements alimentaires naturels. Par exemple, les légumes coupés en dés sont éparpillés un peu partout dans l’habitat des mandrills, plutôt qu’offerts dans un bol, obligeant les membres du groupe à fouiller et à chercher leur nourriture, comme ils le feraient en nature. Des trappes alimentaires cachées un peu partout dans l’habitat des gorilles permettent de proposer une collation à un moment ou à un autre de la journée, sans intervention humaine.

Comme les humains, les animaux sont généralement gourmands et les gâteries alimentaires peuvent servir à motiver l’animal à donner un petit effort supplémentaire pour se mériter la récompense. Fruits, rondelles de carotte, noisettes, ou beurre d’arachides cachés dans un baril troué ou dans un module casse-tête représentent des activités d’enrichissement visant à stimuler physiquement et intellectuellement les animaux à qui ils sont destinés. Ces aliments peuvent également servir de récompense lors de l’entrainement biomédical, une activité qui vise à solliciter la collaboration volontaire de l’animal pour lui offrir certains soins, sans anesthésie.

Au final, nourrir les animaux du Zoo de Granby, ce n’est pas seulement distribuer des repas : c’est observer, comprendre et accompagner chaque espèce dans son quotidien alimentaire. Derrière chaque fruit, chaque branche ou chaque bouchée se cache un véritable travail d’équipe, qui allie science, passion et respect des besoins animaliers. Ici, chaque repas devient une petite célébration de la diversité et du bien-être animal.

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